Tournai : Pour contrer l'insécurité, l'installation d'une quinzaine de caméras de surveillance supplémentaires est à l’étude
L’installation en ville d’une quinzaine de caméras est à l’étude, pour un montant estimé à 750.000 euros. C’est une des réponses apportées par le bourgmestre Paul-Olivier Delannois, interpellé au conseil communal sur la thématique de la sécurité en centre-ville tournaisien.
- Publié le 24-04-2024 à 09h07
Marie-Christine Marghem (MR) est revenue au conseil communal de Tournai, lundi soir, sur le sentiment d’insécurité partagé par des citoyens tournaisiens. “Le leadership politique doit faire évoluer la stratégie de la police pour rendre leur travail plus efficient. Changer de stratégie, ce n’est pas changer d’objectif”, insiste-t-elle, appelant au passage “à recruter davantage de policiers de manière à dépasser la norme KUL”, “à multiplier les patrouilles de police, pédestre et cyclable, dans le centre urbain”, “à augmenter et améliorer le système de caméra-vidéo protection”, “à impliquer les citoyens dans la prévention de la criminalité (notamment via les RQI, réseaux d’information de quartier)”.
Pour François Lebrun (conseiller communal indépendant), plusieurs drames importants récents ayant eu lieu à Tournai ont renforcé un sentiment d’insécurité et un sentiment de mal-être parmi une partie de la population. “Il est de notre devoir, à nous élus, d’assurer la sécurité et surtout le bien-être de tous sur notre territoire. Pouvoir se déplacer en journée ou durant la nuit, se promener ou tout simplement rentrer chez soi après une journée ou une soirée de travail est un droit fondamental. Il ne doit pas y avoir de zone de non droit; la drogue, la violence, la criminalité doivent disparaître de nos rues. Arrêtons de nous cacher derrière des statistiques incomplètes, équipons davantage les rues de caméras efficaces (elles ne sont actuellement ni assez nombreuses, elles sont mal placées et pas suffisamment performantes). Installons des caméras ANPR (NDLR : caméras de reconnaissance de plaques d’immatriculation) à toutes les entrées de la ville”.
”Arrêtons le bashing”
Paul-Olivier Delannois, le bourgmestre, veut rappeler que les statistiques ne sont pas mauvaises à Tournai. “Il faut aussi oser le dire. Même si je ne vis pas dans le monde des bisounours, je pense qu’il est aussi de notre responsabilité d’arrêter le bashing sur Tournai. Nous avons eu affaire à des situations dramatiques, des horreurs sans nom, mais ces drames sont des faits ponctuels et n’ont selon la police aucun caractère organisé”.
La zone de police du Tournaisis occupe actuellement 250 ETP quand la norme KUL est de 242 ETP, dit-il. “Au sein de notre zone de police, nous remplaçons systématiquement les départs. Cela pourrait vous sembler d’une logique implacable. Et pourtant… il faut savoir que la commune de Tournai, principal pourvoyeur de fonds, ne peut le faire pour ses propres besoins communaux car il nous est interdit de remplacer systématiquement les départs via notre plan de gestion. La prochaine majorité aura des choix lourds à opérer en matière de services rendus à la population. Aujourd’hui, chaque année, il y a plus de 1700 événements à encadrer dans la zone”.
Au sujet de l’éclairage coupé en dehors de l’intramuros tournaisien pendant la nuit : “Aujourd’hui, aucun rapport de police n’invite à remettre l’éclairage. L’année 2023 fut catastrophique au niveau du bilan humain sur nos routes. L’éclairage ne fut jamais la cause de ces différents drames. Bien évidemment, je m’attends à une déferlante le jour où un accident mortel se produira en un endroit non éclairé, mais on ne saura jamais le nombre qu’on aura peut-être évité en ne le remettant pas”.
Au sujet des patrouilles de police : “Elles n’arrêtent jamais, elles sont orientées aussi en fonction des événements, des demandes relayées par le citoyen. La volonté de garder des commissariats dans nos districts est également une volonté d’être plus proche des gens et de garder une visibilité”. Par contre, insiste M. Delannois, peu de personnes savent que la police à l’obligation de respecter des fonctionnalités de base à la fois contraignantes et normées. “Cela représente 85 % de la capacité en sachant que nos deux priorités mises en avant dans notre plan zonal de sécurité sont la lutte contre les stupéfiants et la sécurité routière”.
Malgré le nombre de missions importantes et dans les limites du statut qui cadre les heures de nuit des agents, le commissaire divisionnaire s’efforce de mettre du monde en rue les nuits et les week-ends, indique encore le bourgmestre et président de zone. “Il a notamment réorganisé totalement un service pour ajouter de la capacité opérationnelle en rue. Qui dit plus d’hommes en rue ne veut pas nécessairement dire plus de visibilité car pour certains d’entre eux et pour des raisons évidentes, c’est en civil qu’ils opèrent. En plus de personnel supplémentaire, deux équipes complémentaires se sont ajoutées à l’effectif présent les week-ends. Ceux-ci travaillent également en véhicule banalisé”.
Concernant les caméras de sécurité, M. Delannois dit vouloir casser les pattes à un canard : “Les caméras à Tournai fonctionnent. Je ne sais pas dans quelle langue je dois le signaler pour être compris. Bien qu’il s’agissait d’une enquête menée par la fédérale, notre zone de police a permis l’identification du suspect du dernier assassinat (NDLR : celui de Cathy Dubois) commis à Tournai grâce aux caméras. Ça a été annoncé par le Procureur du Roi”.
Si les caméras atténuent le sentiment d’insécurité, elles n’empêcheront jamais un événement de se produire, surtout si celui-ci est causé par un déséquilibré, insiste M. Delannois. “Mais elles participent aussi activement, comme on a pu le constater, à la résolution d’enquêtes. À l’avenir, j’estime à titre personnel qu’il faudra encore continuer à en placer. Notre commissaire divisionnaire a déjà planché sur l’étape supplémentaire. Il estime à quinze le nombre de caméras qu’il serait intéressant de placer dans un prochain avenir. On estime actuellement à 750.000 euros le montant de l’investissement. Je ne vous cache pas que j’y suis favorable mais que cela devra être le choix de la future majorité.”
"Des rapports de police pour m'éclairer dans mes prises de décision"
Michel Loof, un habitant du quartier de la place Crombez (il est président des co-propriétaires de la résidence des Neuf Provinces sur l’avenue Leray) s’est exprimé devant le conseil communal dans le cadre d’une “interpellation citoyenne”, au sujet des mesures attendues pour “éviter que ce quartier ne soit plus une zone insécurisée de non-droit”. “Il faut subir depuis plusieurs années d’importantes nuisances quotidiennes sonores et visuelles ainsi qu’une insécurité récurrente, plutôt à la belle saison, empêchant les habitants de vivre dans un cadre serein et sécurisé. La déliquescence de l’environnement oblige à vivre fenêtres fermées, rend les terrasses inaccessibles… Certains envisagent de quitter la ville”.
Pour M. Loof, le squat du quartier par des personnes marginalisées, accompagnées parfois de chiens dangereux, pourrait être réduit en organisant des maraudes policières visibles, en uniformes. “Il doit aussi être possible de supprimer les bancs publics entre l’avenue Leray et l’avenue Henri Paris, en engazonnant la partie de cet espace située devant le buste du roi Albert, en contrôlant davantage la vente de boissons alcoolisées par un night-shop de la place Crombez”…
Les patrouilles de police sont fréquemment présentes dans le quartier, insiste Paul-Olivier Delannois. “Le beau temps revenant, je vais demander à la police d’analyser d’ici fin juin les différents mouvements dans le parc où se trouve la statue du Roi Albert. Il est possible et probable que l’ensemble des travaux réalisés sur la place Crombez ont fait se déplacer et se concentrer nombre de personnes en un seul endroit. Cependant, si les problèmes continuent (bruit, bagarre, etc.) je n’hésiterai pas à proposer au collège de faire enlever les bancs.
La pratique de la pétanque dans cet espace est aussi dans le collimateur des autorités. “Je vais demander à la police d’appliquer le règlement général de police en interdisant purement et simplement le jeu de pétanque à cet endroit dès lors que je n’ai jamais délivré d’autorisation de la pratiquer sur le domaine public. J’ai réaffirmé le principe au commissaire divisionnaire”.
L’engazonnement de cet espace, comme certains le suggéraient, n’est pas possible. “Le service des espaces verts a émis un avis défavorable car nous risquons de dénaturer ce site, avec des avenues qui sont une création de type à la française”.
Il a été demandé à la police de faire remonter les rapports au sujet d’individus qui créent des problèmes récurrents, afin de pouvoir objectiver des faits. “Je ne me gênerai pas comme je l’ai déjà fait, de prendre des interdictions de périmètre pour certaines d’entre elles”.
Concernant les contrôles des magasins, des inspections ont régulièrement lieu. “Ces contrôles multidisciplinaires (lois sociales, afsca, police, pompiers, etc.) débouchent sur des amendes corsées. Dernièrement, le parquet a fait mettre des scellés sur l’un d’entre eux. Cependant, le choix des établissements visés ne relève pas de ma compétence”.